Les Anonymous n'auront pas tardé à réagir à la fermeture du site de téléchargement Megaupload. Quelques minutes après, les sites du ministère de la Justice américain et du FBI ont été attaqués, dans une "opération Megaupload". Ont suivi une multitude de sites, rendus inaccessibles ou véritablement piratés, dont le ministère français de la Défense et l'Elysée.

Des attaques massives sur lesquelles revient Vador-M, Anonymous francophone interrogé par "le Nouvel Observateur"

Pourquoi les Anonymous défendent-ils Megaupload ?

- Vendredi, les Chevaliers du Zodiaque [le FBI et la police néo-zélandaise, NDLR] ont arrêté le patron de Megaupload [Kim Dotcom] et supprimé le site. Megaupload était un site de partage ouvert à tous. C'était le seul support qui nous était offert pour échanger librement et facilement des documents, pas forcément illégaux. Cette idée de partage est à la base de l'internet que nous défendons.

Mais les autorités ont décidé de nous pourrir la vie avec leurs droits d'auteurs. Lorsque la cassette vidéo [VHS] est sortie, les ayant droit ont crié à l'assassinat. Lorsque la cassette audio est sortie, les ayant droit ont crié à l'assassinat. Ils ont pleuré auprès des pouvoirs publics, alors que cela n'a pas impacté leurs gains. C'est le même schéma aujourd'hui avec le streaming, alors que le cinéma ne s'est jamais aussi bien porté.

En fermant Megupload, ils nous ont privé d'une liberté, nous nous devions de réagir. La motivation première n'est pas la défense de Megaupload, mais bien la lutte contre la censure. Nous ne cherchons pas à défendre Kim Dotcom, suspecté d'avoir monté une mafia. Mais Megaupload était plus qu'une société, c'était une institution.

Comment cela s'est-il manifesté ?

- Il y a eu plusieurs piratages et de nombreuses attaques de DDoS [de déni de service, consistant à rendre inaccessible un site en le surchargeant de requêtes, NDLR]. Toutes les productions audio et vidéo ont ainsi été mises en ligne et partagées sur les réseaux BitTorrent ou via un site russe. Les sites d'Universal et CBS ont également été attaqués. Ces trois labels ont fait un fort lobbying auprès des autorités américaines pour faire fermer Megaupload.

Nous nous sommes également attaqués au site de l'Elysée parce que notre Sarkoboy national [Nicolas Sarkozy] a exprimé son intention claire d'interdire le streaming avec une Hadopi 3 et a applaudi la fermeture de Megaupload. Enfin, nous nous en sommes pris au ministère de la Justice américain, dont le FBI est le bras armé.

Plusieurs rumeurs affirment que vous vous apprêtez à attaquer Twitter et Facebook ?

- Ce ne sont que des rumeurs. Nous n'avons jamais envisagé d'attaques contre eux. Ces réseaux sont l'une des rares choses qui nous restent pour communiquer librement. Et, nous ne souhaitons pas nous mettre à dos tout le monde. Il faut au contraire que tous les internautes s'unissent pour dénoncer les lois liberticides que sont [les projets américains anti-téléchargement illégal] SOPA, PIPA et l'Hadopi.